Présentation de l’article : « L’horloge mécanique et la cellule ciliée vestibulaire. »
le 3 janvier 2014 | par Philippe Roi et Tristan GirardPar Philippe Roi(1), Tristan Girard(2)
(1)Chercheur en Sciences Cognitives, spécialisé en Archéologie Cognitive ; (2)Chercheur en Sciences Cognitives.
Actuellement de nombreux chercheurs à travers le monde tentent de découvrir les structures cérébrales responsables de la perception du temps, mais les rouages de cette horloge cérébrale demeurent incompris. En 2002, le CNRS a fait un appel à propositions dont le thème « Temps et Cerveau » avait le mérite de poser les bonnes questions. En voici quelques extraits :
« Le temps est un élément essentiel de la vie des êtres vivants. La survie d’un individu dépend très souvent de sa capacité à réagir à temps pour échapper aux prédateurs ou capturer des proies, détecter des indices vitaux mais fugitifs, former et maintenir des traces mnésiques sur de longues périodes de temps. Même les mécanismes électrochimiques qui régulent l’activité neuronale et la plasticité synaptique possèdent des dynamiques qui doivent, au moins en partie, se synchroniser avec l’environnement de l’organisme tout entier. En fait, il est vraisemblable que le cerveau a développé des stratégies nombreuses et complexes à différents niveaux de façon à permettre à l’individu de survivre au sein d’un environnement physique donné, tout en utilisant des cellules nerveuses dont les contraintes temporelles sont strictes et multiples ».
« Malgré l’importance de cet aspect du fonctionnement des systèmes cognitifs naturels et artificiels, l’étude de la dynamique temporelle des interactions neuronales a souvent été négligée au profit des aspects spatiaux ou a été étudiée de façon isolée, sans lien avec le comportement. Cet appel d’offre se propose de stimuler la recherche pluridisciplinaire sur la dynamique temporelle de la computation neuronale en relation avec I ‘environnement et le comportement ».
« Une question qui reste sans réponse est de savoir comment le cerveau mesure le temps. Existe-t-il une horloge interne et quel est son substrat neuronal ? Plus généralement, on cherchera à comprendre comment des évènements sont classés dans le temps et comment le cerveau peut prédire, apprendre et anticiper des évènements futurs ».
« Dans le domaine de la motricité, le comportement est rarement constitué d’une action isolée, mais souvent organisé en séquences qui se définissent comme une succession d’actions élémentaires, plus ou moins reliées entre elles. La question est actuellement de comprendre comment le cerveau programme le déroulement temporel de ces séquences, comment l’expérience modifie ces séquences et quels sont les mécanismes neuronaux permettant de les planifier et de les exécuter. Une étape clé de ce programme se situe à l’initiation même du comportement : Comment le cerveau détermine-t-il l’instant du début de l’action et comment cet instant est-il modifié par l’expérience ? »
À ce jour, ces questions demeurent toujours sans réponse.
Tandis que nous rédigions « La Théorie Sensorielle », nous nous sommes souvent interrogés sur le temps. En 2006, à la suite de travaux menés avec le Docteur Christian Chabbert et le Professeur Alain Sans de l’Institut des Neurosciences de Montpellier, au sujet d’une Analogie Sensorielle entre un métier à tisser vertical et une cellule de type I de l’appareil vestibulaire, nous avons décidé de tenter de répondre à ces questions en employant le concept de la Théorie Sensorielle. Pour ce faire, nous nous sommes fixés pour objectif de découvrir la façon dont le non-conscient cognitif avait inspiré au conscient le concept de l’horloge mécanique à foliot, inventée au 13e siècle. En d’autres termes, nous sommes partis de l’hypothèse selon laquelle, pour engendrer au sein du conscient le concept de l’horloge mécanique, le non-conscient cognitif s’était probablement servi, comme pour les sept inventions urukéennes précédentes, de tout ou d’une partie d’un organe sensoriel qu’il utilisait lui-même pour mesurer le temps. L’article intitulé « L’Horloge Mécanique et la Cellule Ciliée Vestibulaire » est le résultat de ces travaux.